29 sept. 2016 - 16 juin 2017 Paris (France)

Programme et séances saison 1 - 2014-2015 > Jeudi 28 mai 2015 : Les femmes et les institutions du savoir

Jeudi 28 mai 2015 : Les femmes et les institutions du savoir

Invités : Martine Sonnet (CNRS/ENS/Paris I), David Aubin (IMJ-PRG, UPMC)

Discutante : Dalia Deias (doctorante EHESS- Centre Alexandre Koyré)

Martine Sonnet : Les boursières et allocataires de la Caisse nationale des sciences dans les années 1930 : l’insertion des femmes dans un dispositif neuf.

résumé :

Alors que depuis 1901, une « Caisse des recherches scientifiques » contribue aux frais de publication et d’équipement de laboratoires, la Caisse nationale des sciences créée en 1930 permet enfin à ces mêmes laboratoires, grâce aux bourses et allocations de recherche qu’elle attribue nominativement, de disposer d’un personnel qui relevait auparavant pour beaucoup du mécénat et du bénévolat.

Supplantant la vieille figure du savant, un nouveau profil de chercheur pris en charge par l’Etat et pouvant mener ses travaux à côté du système universitaire, se dessine. Les femmes s’inscrivent immédiatement dans le dispositif préfigurant le CNRS de 1939, avec une présence progressant de 13%, toutes disciplines confondues en sciences exactes, en 1931/32 à 21% en 1938/39. Quantitativement, leur présence est remarquable, eu égard au vivier restreint de femmes diplômées du supérieur à l’époque, mais aussi eu égard à la stagnation ultérieure de la féminisation de la profession (30 % au CNRS en 1946, 32,3% en 2013…). Autre fait notable, la présence féminine concerne toutes les disciplines, de 5% en mathématiques à 25% en biologie.

Qui sont ces chercheuses des années 1930 ? Mon intervention présentera l’état actuel de mon enquête sur les boursières et allocataires de la Caisse nationale des sciences à partir du dépouillement des listes de bénéficiaires : 130 femmes et 672 hommes identifiés à ce jour entre 1931 et 1939. Je les étudie dans une perspective socio-historico-biographique avec pour premières approches celles du genre et de l’articulation vie professionnelle /vie personnelle. J’esquisserai un portrait de groupe, augmenté de quelques « gros plans » sur des figures particulières, notamment deux mathématiciennes aux profils diamétralement opposés.

 

David Aubin : L’«éducation » d’Henriette Janssen, technicienne invisible de son Jules, astrophysicien

résumé : 

Parmi les institutions qui jouent un rôle déterminant dans l’accès des femmes à la vie scientifique, le mariage est sans doute celle qui est la moins étudiée. On fait souvent abstraction du statut marital des femmes dont on célèbre l’apport scientifique; ou alors on cherche à élever certains partenariats particulièrement efficaces au statut de « couple créatif ». Dans mon exposé, je montre qu’il existe une image de la femme de savant dans la France du 19e siècle, qui n’est pas anodine. A tracers l’exemple du couple formé par Henriett et Jules Janssen, qui ont laissé une abondante correspondance entre eux deux, je cherche à établir plus finement ce que pouvait être une dynamique de coupe scientifique. L’exemple n’a pas tendance à être universel, mais il fait bien apparaître les attentes sociales des protagonistes de ce mariage. En conclusion, on évoquera les nouvelles possibilités qui s’ouvrent timidement aux femmes à la fin du 19e et au début du 20e siècles. 

 

A lire pour la séance :  

- ( en collaboration avec Charlotte Bigg ) Neither Genius nor Context Incarnate: Norman Lockyer, Jules Janssen and the Astrophysical Self. The History and Poetics of Scientific Biography, ed. Thomas Söderqvist, Ashgate Publ, 51-70. https://www.imj-prg.fr/~david.aubin/publis/2007a.pdf

-  Orchestrating Observatory, Laboratory, and Field: Jules Janssen, the Spectroscope, and Travel. Nuncius 17 (2003), 143-162.

 

 

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